Pierrick Courbon et Arlette Bernard
En 2015, Arlette Bernard et Pierrick Courbon (PS) sont élus avec 40,68 % des suffrages exprimés et un taux de participation de 50,97 % (5 483 voix pour 13 871 votants et 27 214 inscrits).
Pierrick Courbon et Arlette Bernard sont candidats dans le canton de Saint-Etienne 3.
Les questions ont été rédigées par MM. Pat Françon et Jérôme Sagnard, à retrouver également sur les sites : http://www.gillescharles.fr/ et https://itw-media.fr
Au niveau social, quels seront vos priorités (RSA, Autonomie) pour le prochain mandat ?
L’action sociale représente la majeure partie du budget départemental. De nombreuses dépenses, notamment celles liées aux allocations individuelles de solidarité, sont obligatoires et « contraintes ».
Néanmoins, notre projet se fixe pour priorité la nécessité de soutenir nos aînés et de favoriser leur maintien à domicile, avec des aides directes à l’aménagement des logements, une revalorisation des conditions de travail et de rémunération des aides à domicile, qui ont été méprisées par l’actuelle majorité, et l’instauration d’un système de visites à domicile de volontaires du service civique pour lutter contre l’isolement.
En matière de santé, la crise sanitaire aura révélé toute la nécessité d’une offre de soins de qualité et de proximité. Pour protéger notre santé, nous nous engageons à œuvrer à l’amélioration de l’accès aux soins et à la lutte contre la désertification médicale, par l’ouverture de Centres de Santé pluridisciplinaires départementaux, comme il en existe en Saône-et-Loire.
Le Département accompagne également les personnes en situation de handicap. Nous veillerons à accélérer le traitement des dossiers par la Maison Loire Autonomie-MDPH et à garantir la compréhension et la mise en application de ses décisions. Un objectif de 10% de travailleurs handicapés au Département doit également pouvoir être atteint.
Les conséquences sociales de la crise sanitaire vont être terribles quand les différentes aides aux entreprises vont cesser. Pour amortir la crise sociale et favoriser le rebond économique, nous voulons augmenter de 50% les contrats aidés départementaux pour prioriser l’aide au retour à l’emploi plutôt que le versement d’allocations. Nous proposons également d’expérimenter dans la Loire le cumul RSA/activité pour faciliter la réinsertion professionnelle et étendre le RSA aux 18-24 ans.
Enfin, les périodes de confinement auront entraîné une augmentation significative des violences intrafamiliales. Il conviendra de déployer un plan départemental de lutte contre les violences conjugales et intrafamiliales doté de réels moyens.
Avec près de 60-70% du budget consacré au social, quelles seront les autres priorités propres que vous souhaitez mettre en avant ?
La protection de l’environnement et la lutte contre le changement climatique doivent devenir une priorité départementale. Nous en sommes loin !
Contenir l’urbanisation et lutter contre l’artificialisation des sols, préserver nos terres agricoles et accentuer la surveillance du site d’enfouissement des déchets Borde Matin pour en limiter les nuisances sont, pour le territoire dont nous sommes les élus, des priorités.
Pour notre canton, nous avons également de vrais sujets à traiter, en lien avec les autres collectivités, en matière de mobilité, pour faciliter et sécuriser nos déplacements. L’amélioration des logements, notamment en termes de rénovation thermique de l’habitat ancien dégradé, demeure aussi une préoccupation forte.
Enfin, nous projet dispose d’un véritable volet citoyenneté pour proposer un canton citoyen : permettre l’interpellation citoyenne et la tenue de référendums d’initiative locale, instaurer un budget participatif cantonal…
Quelles seront vos intentions en matière éducative (projets, équipements) ?
Face à la politique d’austérité budgétaire conduite par la majorité actuelle, et face à un sous-investissement chronique de notre département, qui investit moitié moins que les départements présentant les mêmes caractéristiques, nous voulons faire de l’éducation une priorité.
Investir pour notre jeunesse, c’est investir pour l’avenir. Nous voulons renforcer la présence humaine aux abords de nos collèges, pour plus de sécurité, pérenniser les bourses départementales et instaurer la progressivité des tarifs des cantines.
Par ailleurs, il s’agira d’accélérer les travaux programmés, qui ont pris énormément de retard, et de développer l’équipement numérique individuel des collégiens : tablettes pour alléger les cartables…
Nous envisageons aussi de créer un « pass sport/culture collégien » permettant l’achat d’une licence sportive ou l’accès à des lieux de culture dans le canton (cinémas, théâtres, librairies indépendantes). Enfin, les élus départementaux devront, selon nous, accompagner les initiatives pédagogiques d’éducation à l’environnement, à la citoyenneté, au bien manger et à la santé (prévention des addictions aux écrans, réseaux sociaux…).
Le projet de mutualisation Loire Haute-Loire sera-t-il pérennisé voire amplifié ? Si oui sur quels thèmes ?
Le projet de mutualisation avec la Haute-Loire a été conduit parfois à marche forcée et de manière précipitée : on a par exemple réalisé un important travail sur le plan de la coopération touristique, alors que le Département s’apprêtait à perdre cette compétence au profit de la Métropole de Saint-Etienne, sur la partie du territoire voisin de la Haute-Loire !
Si nous ne sommes pas a priori défavorables à de tels rapprochements quand ils sont guidés par le bon sens (culture, pompiers, HLM, déneigement…), nous restons vigilants quant à la pertinence de certains choix qui doivent au moins autant être guidés par l’efficacité du service rendu que par des considérations financières. La seule boussole pour le développement de ces mutualisations doit être l’efficacité et la qualité de l’action publique.
A noter que le rapprochement avec la Haute-Loire en matière d’office HLM a avorté et que c’est aujourd’hui vers la partie résiduelle du Rhône que nous nous tournons.
Enfin, il s’agira aussi de travailler à des coopérations avec les autres voisins limitrophes de la Loire, et pas seulement avec la seule Haute-Loire. Naturellement, nous demeurons fortement opposés à tout projet de fusion de départements tels qu’ils sont parfois évoqués à terme.
Avez-vous été surpris par le non versement de la prime COVID au personnel du Conseil départemental cette dernière année ?
Surpris, non, choqués, oui ! Nous l’avons dénoncé avec force pendant des mois. Le Département a fait preuve d’un incommensurable mépris à l’endroit des salariés de l’aide à domicile, refusant, comme un seul autre département en France, le Jura, de leur octroyer une « prime Covid », refusant aussi, depuis des mois, d’accorder ne serait-ce qu’une seule audience aux représentants des salariés du secteur, encore récemment mobilisés devant l’Hôtel du Département.
Georges Ziegler avait déclaré refuser de verser une prime, préférant revaloriser les salaires et les carrières. Sauf que l’un n’empêche pas l’autre, d’une part, et d’autre part, le plan de soutien au secteur annoncé quelques semaines avant les élections n’est qu’une opération d’enfumage pré-électoral. Les annonces faites ne sont en effet que la déclinaison locale de décisions nationales qui s’imposent à tous les Départements ! Il n’y a donc eu absolument aucun « geste départemental » en faveur du secteur de l’aide à domicile.
Le Département se garde bien de revaloriser, comme nous le demandons, les coûts de référence des heures d’intervention des services d’aide et d’accompagnement à domicile pour l’APA, qui ont été reconduits pour 2021 au même montant qu’en 2020, c’est-à-dire parmi les plus faibles au niveau national et inférieurs de près de 3,5 euros de l’heure aux tarifs de la Haute-Loire. Or, cette décision relèverait, en l’occurrence du seul volontarisme départemental.
Quelles compétences n’aimeriez-vous ne pas perdre au Conseil départemental ?
Depuis 2015, le Département a connu de nombreux bouleversements. Conforté dans son rôle de « pilote » de l’action sociale, certaines de ses compétences majeures, dont les transports et l’économie, ont été transférées à la Région avec l’adoption de la loi « NOTRe ». Par ailleurs, la mise en place de la Métropole de Saint-Etienne a entraîne la création d’un Département « à deux vitesses », qui n’exerce pas, aujourd’hui, les mêmes compétences sur l’ensemble du territoire de la Loire. Il est temps de stabiliser les compétences départementales et de redonner aux Département les moyens d’agir.
L’aggravation de la précarité et les enjeux liés au grand âge entraînent une augmentation constante et mécanique des dépenses sociales qui sont à ce jour très insuffisamment compensées par l’Etat.
Avec la réforme de la Taxe d’Habitation dont il a fallu compenser la perte pour les communes, le Département a une fois encore été mis à contribution. C’est ainsi qu’il a perdu un peu plus de son autonomie financière : il se trouve aujourd’hui placé sous perfusion de l’Etat, perdant ainsi son statut de Collectivité territoriale autonome et responsable.
Face à cette situation alarmante, nous agirons auprès de l’Assemblée des Départements de France pour que les Départements puissent retrouver les moyens d’accomplir leurs missions de solidarité.
Ne craignez-vous pas que ces élections départementales soient éclipsées par les enjeux des élections régionales ?
Lorsqu’il a été décidé de fusionner ces deux scrutins, l’objectif poursuivi était de booster la participation. Avec une abstention annoncée à un taux record, c’est déjà raté, le contexte sanitaire et la période pré-estivale aggravant encore le désintérêt des électeurs pour ces scrutins, et celui des départementales en particulier. Pourtant, le Département est un échelon de proximité qui intervient au quotidien, de la petite enfance au grand âge, pour nous protéger et aménager notre cadre de vie. Les politiques départementales nous concernent tous : c’est le message que nous martelons dans notre campagne de proximité !
Date de dernière mise à jour : 30/06/2021